Very insightful review of Apeirophobia by Didier Gonzalez on the French magazine Highlands.
Merci, Didier!
Jeune formation italienne originaire de Petacciato, IFSOUNDS vient de proposer très récemment son premier album, au titre énigmatique d’APEIROPHOBIA, paru en 2010 sur le label Melodic Revolution Records. Ce qui saisit d’emblée pour un album auto produit est la qualité spectaculaire du son, très rond, bénéficiant de beaucoup de profondeur, très dynamique et percutant.
La musique d’IFSOUNDS n’est pas une révolution musicale en soi mais assure avec talent, voire avec passion (les parties vocales emportées de la chanteuse ELENA RICCI sont remarquables). Difficile de retrouver des influences, une petite touche SONJA KRISTINA par ci, une petite touche de GRACE SLICK par là. Mais ce son est définitivement plein, habité, chaleureux, dense. Les compositions affleurent ainsi le psychédélisme, mêlées à une pulsation rock menée par un ensemble de guitares rythmiques royales et une rythmique qui pulse (Anima Mundi). Mais on retrouve également l’émergence d’un folk (partie finale du même titre) parfois teinté de classicisme (intro de Summer Breeze) signifié par le piano acoustique.
Les bruitages sont saisissants de réalisme et valent en qualité ceux du PINK FLOYD. A l’arrière plan, la dimension wakemanienne des claviers ne fait aucun doute, tandis que les arpèges de guitare acoustique soutiennent la très belle voix ample et expressive d’ELENA RICCI. Quel fier organe, bien posé, bien assuré! Avec une telle frontwoman, la musique d’IFSOUNDS prend des atours spectaculaires.
La guitare électrique de DARIO LASTELLA se fait rampante, sinueuse, et finalement mordante, tandis que les claviers de CLAUDIO LAPENNA même mixés à l’arrière plan sont un ravissement de tous les instants. Avec Last Minutes, IFSOUNDS montre qu’il peut aborder sans aucun complexe des rivages très rock, maniant le riff avec assurance, la basse groove, le tempo métronomique, la guitare assurant un ensemble de riffs réjouissant.
Attention, avec IFSOUNDS pensez rock mélodique, tout est ici finement ciselé, sculpté, avec nuance et talent. Retour au classicisme avec Aprile, mettant en scène piano classique et orchestration dominée par les violons. Ce titre dégage une musique d’une immense quiétude, d’une intense félicité, d’une ineffable nostalgie. Magnifique !
Attention, voici la grande oeuvre, la pièce de résistance, Apeirophobia qui pointe à l’horizon, découpée en neuf tableaux distincts. Ce sera à l’évidence la pièce la plus progressive de l’album, la plus ambitieuse, la plus surprenante.
Introduction climatique, chant incantatoire, piano solennel précèdent l’arrivée de la rythmique qui donne d’un seul coup vie et animation à la composition, qui monte progressivement en puissance avec l’arrivée d’une guitare électrique à l’envolée fluide et lyrique, le chant d’ELENA monte en densité, se fait plus passionné. Quelle chanteuse exceptionnelle! Une intensité qui retombe pour laisser place à une séquence de guitare acoustique hispanisante d’une exquise finesse, superbement interprétée et agencée… Et cette guitare s’emballe, nous transportant à Séville pour un flamenco endiablé… Le rythme est brisé, la guitare rythmique rock offre quelques accords toniques et la chanteuse est de retour pour une bien belle envolée vocale, accompagnée par le piano et différents claviers (dont certains aux amusantes sonorités trafiquées!).
Le rythme pulse, la basse décore, précédant l’arrivée de percussions et de congas santanesques. La musique d’IFSOUNDS nous invite décidément au voyage ! Nous voici en plein rythmes afrocubains et improvisations effrénées. Ce sont les guitares électriques qui mettront un terme à cette séquence, amorçant une nouvelle séquence chantée dans une mouvance rock psychédélique à la touche sixties. Nous sommes entraînés, happés et on songe parfois à la dynamique d’EARTH & FIRE (et aux intonations vocales de JERNEY KAAGMAN), à la pulsation de JEFFERSON, à la couleur kaléidoscopique de la musique de CURVED AIR…
La séquence instrumentale suivante est dominée par un piano à la touche classique apaisante, avant l’arrivée de la voix d’ELENA RICCI pour un final en apothéose, dominé par le chant et les guitares de retour au premier plan.
Bravo à IFSOUNDS qui signe dès sa première oeuvre un coup de maître !
